De l’eau potable à partir des égouts, il faudra apprendre à vivre avec cette idée
Il devrait pleuvoir énormément pour que nos réserves d’eau soient réapprovisionnées. Dans de nombreuses villes et pays, c’est la nouvelle norme et le défi. Sécheresse.
De nos eaux souterraines, 30% vont à l’agriculture, 10% à notre alimentation et 7% dans toutes sortes de boissons (Région flamande). Cela semble encore raisonnable, mais si on parle de notre eau potable, 25% va à l’industrie chimique, près de 20% aux raffineries et seulement 12% à l’alimentation (Région flamande). Produire de l’eau potable à partir de celle des égouts, dessaler l’eau de mer et épurer les eaux usées deviendra la norme.
Stress hydrique,
nous ferions mieux de nous préparer à une sécheresse récurrente.
Les niveaux d’eau diminuent dans de nombreuses villes et pays. On ne pourra bientôt plus laver sa voiture, arroser son jardin, ni pomper l’eau des rivières et des canaux. Exceptionnel ? Non, cela deviendra la nouvelle norme. De longues périodes de sécheresse et des orages violents avec des averses courtes et abondantes. Le changement climatique va impacter notre approvisionnement en eau.
En 2018, pour alimenter certaines de nos communes belges, des camions citernes allemands nous ont livré 180.000 litres d’eau potable.
La sécheresse de 2018 en Europe
L’été 2018 a été marqué par un déficit de précipitations et des températures élevées. De nombreux pays européens ont souffert de sécheresse et de chaleur pendant les mois d’été. La Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Pologne, le nord de l’Allemagne, la Lettonie, la Lituanie, la Scandinavie et en particulier la Suède. L’été 2018 avec celui de 1976, a été le plus sec depuis que les mesures existent.
La sécheresse de 2018 a causé une hausse des prix de la bière et du pain en raison des mauvaises récoltes et de la hausse du cours des céréales et de l’orge. En Europe, la sécheresse a diminué le rendement à l’hectare de 25%. Le cours des céréales et de l’orge a augmenté de 20%.
2018 a été l’année la plus chaude jamais observée dans de nombreux pays européens. En Belgique, la température moyenne des mois d’été a été dépassée de 2°C. Au Pays-Bas, l’été 2018 a été l’été le plus chaud depuis 3 siècles. Les images satellite ont montré une Europe desséchée. La récolte des pommes de terre irlandaises a été réduite. En Norvège, le prix des fruits à chair tendre a fortement augmenté. Aux Pays-Bas, les oignons ont souffert. En Belgique, les producteurs de tomates ont été mis sous pression. En Allemagne, les cultivateurs de pommes de terre ont eu très chaud. La Suisse a dû importer plus de récoltes. La France a eu moins de problèmes, tandis que l’Italie et la Turquie ont subi des dégâts de grêle.
Les pénuries d’eau dans un avenir proche
Aujourd’hui, le monde compte 7,7 milliards de personnes. D’ici 2050 nous serons 9,8 milliards et en 2200 la planète comptera 11,2 milliards personnes. Et un multiple de ces nombres en poulets, porcs et autre bétail. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) estime qu’en 2025, 2/3 de la population mondiale fera face à des pénuries d’eau périodiques ou fréquentes. Les pénuries d’eau provoqueront des conflits. Le Koweït, la Bahreïn, l’Égypte, le Qatar et les Émirats Arabes Unis ont les plus petits stocks d’eau potable par habitant. Au Pakistan on s’attend à une pénurie d’eau dans tout le pays dès 2025. Le niveau d’eau de la plus grande retenue d’eau des États-Unis, le lac Mead sur le Colorado, est 60% en dessous de celui d’il y a 15 ans. Selon le patron de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterras, la demande d’eau douce augmentera de 40% d’ici 2050. Même aux Pays-Bas si détrempés, l’administration en charge de l’eau met en garde contre la réduction de l’approvisionnement en eau potable. En période de sécheresse, l’approvisionnement réduit en eau douce pourrait créer une pénurie affectant le transport fluvial, l’industrie et la nature.
Le dessalement de l’eau de mer : une solution pour produire de l’eau douce ? La demande mondiale en eau potable augmentera de 40% d’ici 2030.
Transformer l’eau salée en eau douce. Cela existe déjà à Dubaï et au Koweït. La méthode est très coûteuse. Parce que le sel corrode les autres métaux, les installations de production doivent être en acier inoxydable qui est très cher. Il faut beaucoup d’énergie pour produire de l’eau douce à partir d’eau salée. Et cette eau n’a pas bon goût. Selon Kees van Leeuwen, professeur en gestion de l’eau et développement urbain à l’Université d’Utrecht, la récupération de l’eau de pluie dans de grands réservoirs est une meilleure solution. Actuellement, de nombreuses villes consomment un plus grand volume d’eau que celui qui est récolté par ces réservoirs. De plus, beaucoup d’eau douce est perdue, s’écoule dans les égouts des rues et est directement rejetée dans les océans. Ici, le message, c’est récupérer.
11 villes bientôt sans eau, 3,7 milliards personnes en pénurie d’eau potable et 125 des 500 plus grandes villes en stress hydrique
Le sort de Cape Town en Afrique du Sud n’est pas enviable. Dès 2019, Cape Town est menacée de tomber temporairement à court d’eau. Une limitation à 50 litres d’eau par personne a été récemment imposée. À partir du 16 avril 2019, les habitants de Cape Town seront rationnés à 25 litres par personne. Il n’y aura plus d’eau au robinet, on pourra uniquement aller la chercher dans les centres de distribution d’eau. Cape Town, c’est juste la partie visible de l’iceberg.
Selon les projections de l’Organisation des Nations unies (ONU), d’ici 2030 les villes suivantes seront touchées par la sécheresse et les pénuries d’eau :
- Sao Paulo, Brésil : cette ville a reçu un avertissement sévère en 2015 lorsque la police a dû escorter les transports d’eau menacés par des raids de gangs. Le réservoir d’eau principal de la capitale n’était alors rempli qu’à 4%.
- Bangalore, Inde : la ville se développe à une telle vitesse que les systèmes d’approvisionnement en eau et d’égouts s’avèrent insuffisants. Et souvent obsolètes. Les grands défis à relever sont la pollution de l’eau des lacs environnants et les fuites dans les conduites. 85% de l’eau ne peut être utilisée pour la consommation.
- Pékin, Chine : en 2014 déjà, il n’y avait que 145 mètres cubes d’eau potable disponibles par habitant et par an. La Banque mondiale définit qu’il y a pénurie d’eau dès lors que les gens ont moins de 1.000 mètres cubes d’eau douce par personne et par an. 40% de l’eau de surface est trop polluée, même pour l’agriculture et l’industrie.
- Le Caire, Égypte : le Nil fournit 97 % de l’eau potable égyptienne. Une rivière qui est devenue de plus en plus polluée par l’industrie, l’élevage et l’agriculture. Sans prendre des mesures, le Caire sera confronté à des pénuries d’eau critiques d’ici 2025. Pour le Président égyptien, l’eau est une question de sécurité nationale.
- Jakarta, Indonésie : moins de 50% de ses 10 millions d’habitants ont accès à l’eau du robinet. Partout, des puits sont creusés illégalement de sorte que la nappe phréatique a déjà été plusieurs fois asséchée. En raison du pompage d’énormes quantités d’eau souterraine, la ville sombre lentement mais sûrement.
- Moscou, Russie : 25% des réserves mondiales d’eau se trouvent en Russie. La pollution de l’environnement héritée de l’ère soviétique continue à avoir des effets négatifs sur l’approvisionnement en eau potable. Moscou est dépendante à 70 % de l’eau de surface qui, dans de nombreux cas, ne répond pas aux normes d’hygiène.
- Istanbul, Turquie : les pénuries d’eau durant les mois d’été sont une constante depuis des années. Les réserves d’eau ont baissé de 70% depuis 2014. Les autorités ont tiré le signal d’alarme en annonçant une véritable pénurie d’eau pour 2030.
- Mexico, Mexique : les 21 millions d’habitants connaissent de constantes pénuries d’eau. 20% n’ont accès à l’eau du robinet que quelques heures par semaine. 20 autres % de la population n’ont de l’eau courante que pendant une partie de la journée. Les conduites fuient, provoquant la perte de 40% de l’eau distribuée. 40% de l’eau est importée.
- Londres, Royaume-Uni: Londres récupère 80% de son eau potable à partir des eaux fortement polluées de la Tamise et de la Lea. On s’attend à de sérieux problèmes d’approvisionnement d’ici à 2025, et à de fortes pénuries d’ici 2040.
- Tokyo, Japon : approvisionner 30 millions de personnes en eau du robinet n’est pas une mince affaire. On ne compte que 4 mois de précipitations ce qui peut conduire à des pénuries temporaires.
- Miami, États-Unis : en raison de l’élévation du niveau de la mer et d’une gigantesque gaffe qui a été faite en vidant les marécages, l’eau salée se mélange avec de l’eau douce dans la nappe phréatique.